Les " ainés " de
mon époque aimaient mettre des paroles sur des airs martiaux
de ce temps :
la
madelon (là-bas au bord de la méditerranée)
la
marche des chasseurs alpins :(c'est nous les gars saint-maurontais
qui d e Marseille à La Louvesc..)
les
allobroges (Ohé les bleus de notre colonie )
De cette dernière chanson, il ne me reste que quelques
bribes mais elles appellent en moi de sacrés souvenirs.Je
peux essayer de les raconter , mais il fallait surtout les vivre
. Les bribes qui me restent ? Les voici elles sont tout à
fait décousues:
Ohé
les bleus de notre colonie...
Chère
Louvesc avec tes fiers accents...
Dans
tes grands bois nous passons nos vacances ...
Car
j'aime respirer l'air pur de tes montagnes
Nous
sommes Timoniens ;oui Timoniens
et surtout cette phrase "
Où nous aimons jouer à nos jeux de sorciers "
Et alors ont explosé comme un bouquet de feu d'artifice,
toutes les images de ces jeux aujourd'hui disparus à cause
de circonstances particulières parfois, de la vie moderne
souvent, mais de la bêtise administrative et humaine toujours
.
Les
jeux de nuits :
Ce soir là,de l'année
1947 ou 48 je ne me souviens plus très bien si ce n'est
que trop jeune, je n'ai pas participé entièrement
à ce jeu . Mais je revois encore René Coello surgir
avec la célérité qui était la sienne
du bois qui jouxte la cour de la colo. Il tient à la main
une boite de conserve dans laquelle brûle une bougie . Il
va réussir à faire sauter la bombe et les "
bleus " auront gagné. Cette " bombe " avait
été placée quelque part au Mont Besset ,le
bois le plus proche de la maison, mais pas la porte à côté
quand même : 10 mn de marche environ . Les deux camps s'opposaient
:l'un devait trouver la bombe et l'amener ds la cour ,et évidemment
l'autre camp devait empêcher la chose . Outre le côté
prémonitoire de l'époque actuelle avec son plan
vigipirate, imagine-t-on cette sorte de jeu de nos jours ? cela
faisait bien une cinquantaine d'enfants, d'ados dans la nature
en pleine nuit ...
Le dernier jeu de nuit auquel je participerai se déroulera
en 1952 à St-Agrève et j'en serai le héros
malgré moi car mon parrain ,alors moniteur, m'avait choisi
pour être la victime d'un enlèvement . Ce kidnapping
effectué au nom d'un certain Fatalitas, (le Fantomas de
cette année-là) fut réalisé avec le
plus de réalisme possible . Après le repas du soir
,alors que la nuit tombait, j'ai été attiré
dans un coin de la cour et recouvert d'une couverture puis enlevé
par des personnes que je n'avais pas eu le temps de voir (entre
autre mon parrain). Transporté un moment dans cet équipage,
puis (le bois étant trop loin) libéré et
mis au courant. Le but du jeu était simple il fallait qu'on
me retrouve . J'ai oublié les détails si ce n'est
que je suis resté jusque tard dans la nuit caché
dans les fougères qui poussaient alors autour de la première
clairière du Bois Montrgros.
Mais les grands
jeux de jours n'étaient
pas moins spectaculaires et feraient hurler au scandale les "
autorités " de nos jours. Jugez un peu
Les guerres au sifflet dans les bois, (et tous les autres grands
jeux :débarquement , les contrebandiers, le sorcier etc...)c'était
donc selon les années entre 60 et 80 gamins qui s'éparpillaient
dans le bois Montgros ou le Mont Besset ,hors de la vue d'un quelconque
responsable.
Et que dire alors de " l'attaque de la ville ". J'y
ai joué aussi bien à La Louvesc qu'à St Agrève
.
On avait la chance en ces temps de ne pas voir les villages envahis
par les autos.
Les 4 équipes s'éparpillaient ds le village .Et
c'était la guérilla urbaine qui commençait
.De la mairie à l'église, tous les lieux importants
étaient défendus ou attaqués. On avançait
dans les rues de porte en porte, l'il aux aguets ...et le
tout sous le regard un peu étonné des rares passants
. Et à la fin quelle gloire quand le vainqueur avait réussi
à " tanquer " le fanion de son équipe
dans le camp adverse .
Vae victis ! comme aurait dit Brennus le chef gaulois !
Bien sûr nous vivons un autre temps . Il ne viendrait à
l'idée de personne de recommencer " l'attaque de la
ville " comme on disait ,mais je m'enorgueillis d'avoir continué
les balades de nuits et les grands jeux dans les bois jusqu'à
ma retraite en 1999.
Ainsi j'ai un souvenir extraordinaire de l'année 92 où
mes 26 élèves auxquels s'étaient ajoutés
14 élèves de 6e du cm2 de l'année d'avant
plus 6 " anciens "d'âges divers (de 15à17
ans) avaitpratiqué le jeu que m'avait appris en 1953 Mr
Serge avec le Père Frescura :la prise du radar.
Je ne détaillerai pas les règles. Je dirai juste
que nous avions occupé TOUT le bois Montgros . Et le jeu
avait duré près de 1h30. Près de 50 jeunes
sans surveillance en pleine liberté dans la nature .. Ah
oui, quelle tristesse s'il avait fallu limiter les jeux à
une clairière sous le prétetxe qu'il ne fallait
pas perdre les enfants de vue !
Je crois que tous mes " ainés " seraient revenus
du pays du grand repos pour me secouer les puces !
Merci à eux pour m'avoir
fait connaitre le bonheur de ces grands jeux.